Le théâtre de l'épouvante

Spectacle adulte

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PRESENTATION

A la fin du siècle dernier, à Paris, non loin de Montmartre, une chapelle exiguë fut transformée en salle de théâtre. Celle-ci ouvrit bientôt sous le nom étrange de « Grand Guignol ». Durant 60 années, le théâtre du Grand Guignol fut le lieu privilégié d'une dramaturgie vouée à l'épouvante. Les programmes très éclectiques proposaient en alternance des pièces gaies et des pièces noires d'épouvante pure. Le théâtre de la peur constitua une nouvelle formule qui était située en marge du monde théâtral de l'époque. En dépit des comédies qui alternaient avec les pièces d'horreur, on vint toujours au Grand Guignol pour avoir peur, le rire n'étant considéré par les spectateurs que comme un exutoire ou comme un complément nécessaire à l'effroi dispensé par les maîtres de la peur. Après de nombreuses années de succès, le cinéma d'épouvante faisant son apparition et le public se modifiant peu à peu, le Grand Guignol disparaissait et le théâtre d'épouvante avec lui. C'est cet univers théâtral que j'ai désiré faire revivre. J'ai écrit cinq pièces en un acte à la manière du Grand Guignol, c'est à dire en mélangeant le comique et l'horreur. J'espère que ce style de théâtre effraiera un peu, divertira également, mais surtout qu'il apportera un peu de divertissement et de renouveau dans le monde théâtral d'aujourd'hui qui s'enlise dans l'ennui. Le spectateur contemporain a le choix entre des pièces modernes au blabla ennuyeux ou la dix millième reprise d'une pièce du grand classique qu'on ose souvent nommer création. Le Grand Guignol a eu le mérite en son temps de créer un genre nouveau, de bousculer les règles établies, d'apporter un souffle de vie au théâtre poussiéreux. Puisse-t'il renaître de ses cendres, ne serait-ce que quelques représentations, pour effrayer un peu le bon petit théâtre frileux d'aujourd'hui qui a peur de tout et surtout de prendre des risques.

Fiche technique

32 personnages

18 femmes 14 hommes

Certains personnages peuvent être joués par la même personne afin de diminuer le nombre d'acteurs.

Personnages:

Les bonbons de Madame Calmant
Mme Calmant: une dame très âgée
Julien: un jeune homme de 19 ans
Julie Calmant: Mme Calmant jeune
Amédée: un beau parleur
Octave: un radin
Charles: un timide

Les sorcières
Armoise
Parietana
La jeune fille
Mandragore
Jusquiame

L'homme perdu
Le fou
L'homme perdu
Le 1er infirmier
Le 2eme infirmier

L'assassin du spectacle
La vendeuse de journaux
La placeuse
Léontine
Emeline
Eglantine
Madelin
La vendeuse de bonbons
Le directeur du spectacle
Le clown Clopin
Le clown Clopan

Clémence et Démence
Clémence: une femme d'environ 25 à 30 ans
Démence: Clémence à 7 ans (mais doit être jouée par une adulte)
La diablesse
L'infirmière
Le docteur
La mère de Clémence (environ 30 à 35 ans)
Le majordome

Décors:
Différents endroits selon les scènes mais pas de décors compliqués. Il faut suggérer le lieu plutôt que d'en faire une reconstitution fidèle.
Les décors les plus "compliqués" se trouvent dans la scène "Clémence et Démence".

Musique:
Musiques étranges et inquiétantes entre chaque scène

Extraits

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L'HOMME PERDU

Décor : Des murs blancs nus. Aucun objet sur scène. Aucun meuble. Un trou rectangulaire dans le mur du fond d'environ 1m de large sur 60 cm de haut situé à ras du sol.

* Un personnage est prostré dans un coin de la scène. Il se lève soudainement, se dirige vers le trou, y passe sa tête et hurle.

LE FOU : (hurlant) J'ai faim !

* Il sort la tête du trou et s'assoit un peu à côté. Il attend, le regard dans le vide. Quelques instants puis soudainement un plateau de nourriture tombe bruyamment dans le trou faisant sursauter le fou qui pousse un cri de frayeur. Il se lève brutalement, prend le plateau de nourriture, passe sa tête dans le trou et hurle.

LE FOU : (hurlant) Bande d'enfoirés ! Vous ne pouvez pas être plus délicat ?

* Il sort la tête du trou, s'assoit par terre, rapproche le plateau vers lui et commence à manger tout en maugréant.

LE FOU : (dans ses dents) Bande d'enfoirés… Ils le font exprès…. Tous les jours, c'est la même chose… Savent pas servir… Cette bouffe est dégueulasse… Savent pas faire la bouffe… Bande d'enfoirés… Faut vraiment avoir faim… J'vais m'tirer d'ici… Ca pue, c'est sale et on bouffe mal… (hurlant soudainement) J'vais pas tarder à changer d'hôtel, bande d'enfoirés ! (maugréant de nouveau) Ils l'auront bien cherché… Des incapables… Pas fichus de faire la bouffe… C'est dégueulasse… Envie de vomir…

* Il met la main à sa bouche, repousse l'assiette qu'il tenait, se lève soudainement et se précipite vers la porte côté jardin, l'ouvre et, après être entré, vomit ce qu'il vient de manger. Quelques instants puis on entend frapper à la porte côté cour. Quelques instants et la porte côté cour s'ouvre. Un personnage entre et s'avance dans la pièce. La porte côté cour se referme brutalement derrière lui. Il constate alors qu'il n'y a pas de poignée intérieure sur cette porte. Il tente d'ouvrir cette porte mais en vain.

L'HOMME : Ca alors… Il n'y a pas de poignée à cette porte. (il renonce à ouvrir et s'avance dans la pièce) Y'a quelqu'un ?

* On entend un bruit de chasse d'eau et le fou sort des toilettes. Il s'arrête dans l'entrebâillement de la porte et observe avec surprise le nouveau venu.

L'HOMME : Excusez-moi, Monsieur, je me suis perdu dans les couloirs et je ne trouve plus la sortie… (pas de réponse du fou) J'étais venu rendre visite à une amie déprimée et je pensais repartir chez moi mais cet hôpital est tellement grand que je me suis égaré. Pourriez-vous m'indiquer le chemin menant à la sortie ? (pas de réponse) En vérité je suis entré ici par hasard et la porte s'est refermée derrière moi. Je n'arrive plus à l'ouvrir. Il n'y a plus de poignée. (il tente de nouveau d'ouvrir la porte) Savez-vous comment on ouvre cette porte ?

LE FOU : On ne peut pas l'ouvrir. Ils ont retiré la poignée pour qu'on ne puisse pas l'ouvrir de l'intérieur, seulement de l'extérieur.

L'HOMME : Mais alors ? Comment sortez-vous d'ici ?

LE FOU : Je ne sors pas… Je ne sors jamais d'ici.

L'HOMME : Vous plaisantez ? (se dirigeant vers la porte des toilettes) Je suppose qu'il y a une sortie de ce côté.

LE FOU : Non, ce sont les toilettes. Il n'y a pas de fenêtre.

L'HOMME : (regardant dans les toilettes) Effectivement, ce sont les toilettes. L'odeur est… Vous venez de vomir ?

LE FOU : Oui… La bouffe est dégueulasse ici.

L' HOMME : Ah… Vous êtes hospitalisé ici ?

LE FOU : Non, je ne suis pas malade. Leur bouffe qui me fait vomir.

L'HOMME : Peut-être y-a-t'il un téléphone ou un interphone pour demander qu'on vienne m'ouvrir ?

LE FOU : Non, pas de téléphone.

L'HOMME : Il faut pourtant bien que je sorte d'ici. Il est tard, ma femme va s'inquiéter. Je vais frapper à la porte jusqu'à ce que quelqu'un vienne ouvrir. (il tambourine à la porte côté cour) S'il vous plaît… Quelqu'un m'entend-il ?

LE FOU : Ce n'est pas la peine de vous fatiguer.

L'HOMME : (cessant de frapper à la porte) Pourquoi dites-vous ça ? Si une infirmière passe dans le couloir, elle va m'entendre et ouvrir cette porte.

LE FOU : Non. Si une infirmière passe, elle n'ouvrira pas la porte.

L'HOMME : Et pourquoi ne le ferait-elle pas ?

LE FOU : Parce que je frappe comme vous le faites tous les jours et personne ne vient jamais m'ouvrir.

L'HOMME : (commençant à réaliser) Il y a longtemps que vous êtes… ici ?

LE FOU : Oui, longtemps. Un an, deux, trois ou peut-être quatre, je ne sais pas. J'ai perdu la notion du temps. Ils m'ont pris ma montre quand je suis arrivé ici.

L'HOMME : Oui, je comprends… Ils vous ont enfermé ici parce que…

LE FOU : (hurlant) Non ! Non ! Je ne suis pas fou ! Vous entendez ? Je ne suis pas fou !

L'HOMME : (impressionné) Ce n'est pas ce que…

LE FOU : (très énervé) Si ! Vous l'avez pensé et vous le pensez encore. Eux aussi le pensent mais je ne suis pas fou, vous comprenez ? C'est une erreur. Ils m'ont enfermé par erreur. Ils m'ont confondu avec quelqu'un d'autre. Ce n'est pas moi qui dois être ici, c'est quelqu'un d'autre.

L'HOMME : (inquiet) Si c'est le cas, dès que quelqu'un viendra, nous lui expliquerons cette erreur.

LE FOU : (riant nerveusement) On peut attendre longtemps.

L'HOMME : (de plus en plus inquiet) Que voulez-vous dire ?

LE FOU : Il ne vient jamais personne ici. Depuis des années… Personne.

L'HOMME : Mais que racontez-vous là ? Il y a bien des docteurs ou des infirmiers qui s'occupent de vous, qui vous prodiguent des soins ?

LE FOU : (riant de plus belle) Non, jamais personne, je vous dis. On est dans le pavillon des fous furieux, Monsieur le perdu, et jamais personne ne vient ici. Ils n'ont pas assez de personnel et ils ont trop de travail avec les autres malades, vous savez ceux qui font des dépressions mais qui ont assez d'argent pour qu'on daigne s'occuper d'eux. Ou alors ils ont peur de venir, peur des fous furieux.

L'HOMME : Mais c'est complètement fou ce que … Je veux dire : c'est complètement incroyable ce que vous dites. Il faut bien qu'ils viennent chaque jour pour vous amener de quoi manger.

LE FOU : (furieux) Leur sale bouffe ! Non, personne ne vient ! Ces enfoirés lancent leur sale bouffe par ce trou. (passant sa tête dans le trou et criant) Enfoirés ! Enfoirés ! Vous n'êtes que des enfoirés !

L'HOMME : (très inquiet) Calmez-vous, Monsieur. Il doit bien y avoir une solution ?

LE FOU : (s'esclaffant) Non, pas de solution. Des années que je suis là, tout seul, à attendre que ces enfoirés me lancent leur sale bouffe, des années ! (plus calme) Mais à présent c'est fini, je ne serai plus seul. (s'approchant de l'homme) Vous êtes là maintenant… avec moi… pour toujours.

L'HOMME : (reculant) Ne m'approchez pas. Restez où vous êtes.

LE FOU : (fronçant les sourcils) Vous avez peur de moi. (hurlant) Je ne suis pas fou, tu entends, pas fou !

L'HOMME : (transi de peur) Je vous crois, je vous crois mais ne vous énervez pas.

LE FOU : (très agité) Ils m'ont enfermé à la place de quelqu'un d'autre. Je ne suis pas fou. Des années que j'attends de voir quelqu'un et toi, tu me crois fou, tu ne veux pas être mon ami.

L'HOMME : (jouant la diplomatie) Mais si, je veux bien être votre ami, mais vous comprendrez que la situation dans laquelle je me trouve a de quoi me perturber.

LE FOU : (souriant) C'est vrai ? Tu veux bien être mon ami ?

L'HOMME : Oui… Oui, bien sûr.

LE FOU : (s'asseyant par terre) Tu es gentil, toi, Monsieur le perdu. Viens t'asseoir près de moi.

L'HOMME : (décontenancé) Mais… Mais… je ne peux pas rester avec vous. Il faut que je rentre chez moi. Ma femme m'attend. (regardant sa montre) Il est très tard et elle doit être inquiète de ne pas me voir revenu.

LE FOU : Tu as une belle montre. Moi aussi, en arrivant ici, j'avais une belle montre. Tu peux me la prêter ?

L'HOMME : (hésitant) Oui… (tendant la montre) Prenez-la. Je vous la donne. Elle vous servira plus qu'à moi.

LE FOU : (prenant la montre) Oh merci… Tu es vraiment gentil, toi. Je suis content que tu te sois perdu.

L'HOMME : Oui… Mais maintenant j'aimerai retrouver mon chemin, vous comprenez ?

LE FOU : (se mettant à trembler) J'ai froid… J'ai si froid… Ces enfoirés ne mettent jamais le chauffage et il fait si froid.

L'HOMME : (surpris par les tremblements violents du fou) Ne tremblez pas ainsi, essayez de vous calmer. (lui tendant sa veste) Tenez, enfilez ma veste, vous aurez moins froid.

LE FOU : (prenant la veste et l'enfilant) Merci… Merci beaucoup. J'ai froid, j'ai toujours froid ici. Ils m'ont confisqué mon manteau et même mes chaussures. Regardez, je suis pieds nus. (hurlant) Ils me laissent pieds nus par ce froid, ces enfoirés ! Enfoirés !

L'HOMME : Je vous en prie, calmez-vous. La situation est déjà assez compliquée comme ça.

LE FOU : Tu as des belles chaussures, toi. Pourquoi ils t'ont laissé tes chaussures à toi ?

L'HOMME : (s'énervant) Mais parce que je ne suis pas… (se radoucissant) Je suis seulement en visite, je ne suis pas pensionnaire.

LE FOU : Tu peux me prêter tes chaussures ?

L'HOMME : Ecoutez, je vous ai déjà prêté ma montre et ma veste, je pense que c'est suffisant.

* Le fou se met à pleurer très fort.

L'HOMME : (très embarrassé) Voyons, soyez raisonnable. Il ne sert à rien de vous mettre dans un état pareil… Bon, bon, cessez de pleurer, je vous prête mes chaussures.

* L'homme se déchausse et tend ses chaussures au fou qui les met aussitôt à ses pieds.

LE FOU : (frénétiquement) Des chaussures, des vraies chaussures en cuir ! Je ne me souvenais plus… Je ne me souvenais plus ! Merci… Merci… Merci… Merci….

* Soudain au dessus de la porte, une lumière rouge s'allume.

L'HOMME : (surpris) Qu'est-ce que c'est ?

LE FOU : (se redressant brusquement) C'est… C'est… (regardant la montre) Dix-huit heures ! Nom de Dieu ! Dix-huit heures déjà ! C'est l'heure de la piqure !

L'HOMME : (de plus en plus surpris) L'heure de la piqure ? Mais vous m'avez affirmé qu'il ne venait jamais personne.

* Le fou se précipite à la porte et la tambourine de ses poings.

LE FOU : Au secours ! Au secours ! Sortez-moi de là ! A l'aide !

L'HOMME : (déconcerté) Mais que vous prend-il ?

LE FOU : (tapant de plus belle à la porte) Venez m'ouvrir ! S'il vous plaît ! A l'aide !

* La porte s'ouvre et deux infirmiers apparaissent.

LE PREMIER INFIRMIER : Que se passe-t-il ici ?

LE FOU : (précipitamment) Ah, Monsieur l'infirmier, je suis content de vous voir. Imaginez-vous que je m'étais perdu dans les couloirs et par inadvertance, je me suis retrouvé enfermé dans cette salle avec… avec ce fou furieux !

L'HOMME : (complètement ahuri) Mais… Mais je ne suis pas fou… C'est lui qui…

LE FOU : Ah, Monsieur l'infirmier, j'ai cru que je ne sortirai jamais d'ici. Je vous remercie, vous m'avez sauvé la vie.

LE 2ème INFIRMIER : Oui bon, ne traînez pas par ici, c'est le coin des fous furieux dans ce quartier.

LE FOU : Vous avez raison, je m'en vais. Il est très tard, ma femme doit être très inquiète. Je me sauve.

L'HOMME : (affolé) Mais ne le laissez pas… C'est lui le fou… Rattrapez-le.

* Le fou s'empresse de sortir. L'homme veut le suivre pour le rattraper. Les infirmiers s'interposent.

LE 1er INFIRMIER : Où comptes-tu aller comme ça ?

L'HOMME : Il faut le rattraper. Il a pris mes vêtements et mes chaussures. C'est lui le fou.

LE 2ème INFIRMIER : (repoussant l'homme) Mais oui, bien sûr. On reste calme et on s'écarte de la porte.

L'HOMME : Mais vous n'allez tout de même pas croire que c'est moi le fou. J'étais venu rendre visite à une amie et je me suis perdu.

LE 1er INFIRMIER : (préparant une seringue) Oui, on va arranger cela tout de suite. Ne t'en fais pas.

L'HOMME : Mais qu'est-ce que vous faites ? Vous ne comprenez pas ? C'est une horrible méprise. Je ne suis pas la personne que vous croyez.

LE 2ème INFIRMIER : Oui, on sait. On nous avait prévenu que tu répétais cela sans arrêt. Remonte ta manche.

L'HOMME : Il n'en est absolument pas question. Vous devez me laisser sortir. Je ne suis pas fou.

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Le théâtre de l'épouvante