NINA

Comédie dramatique

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PRESENTATION

Comme tous les soirs, malgré les pleurs de sa fille, la mère de Nina est partie pour tenter de gagner quelques sous sur le trottoir. Nina se retrouve seule avec son nounours qu'elle serre très fort dans ses bras pour avoir chaud au cœur et au corps. Car Nina a froid. Et elle a faim. Et elle a peur. Cette nuit, Nina ne parvient pas à trouver le sommeil et des personnages étranges vont surgir de l'ombre. Est-ce la faim qui provoque des hallucinations ? Non, ce sont les rêves de Nina qui prennent vie. C'est le temps qui s'affole, les minutes qui passent en une seconde, les jours qui durent une heure, la misère qui se voit riche, la tristesse qui met le masque de la joie, le train de la vie qui roule sur les rails de la sécurité et l'avion de l'existence qui s'envole avec les ailes du hasard. Et Nina se met à danser, à danser avec la vie... Mais la vie aime-t-elle danser ?

Fiche technique

23 personnages

9 hommes 14 femmes

* Certains rôles peuvent être joués par la même personne.
Certains rôles peuvent être joués indifféremment par des hommes ou par des femmes: Tic et Tac, les clowns, le cheminot et l'aviateur.

Spectacle pouvant être joué par des adolescents ou des adultes.

Personnages:
Nina
La mère
Tic
Tac
Le Majordome
Nani
Madame de la Suffisance, Comtesse de l'Orgueil
Madame de la Mesquinerie, Princesse de l'Avarice
Madame de la Bambochade, Duchesse de la Luxure
Madame de la Jalousie, Marquise de l'Envie
Madame de la Gloutonnerie, Baronne de la Gourmandise
Madame de la Soupe au Lait, Duchesse de la Colère
Madame de la Flemmardise, Comtesse de la Paresse
La fille en haillons
Ecladerire
Euforie
Sourire
Allegresse
Le cheminot
L'aviateur
Mme Fièvre
Mme Frisson
La grand-mère

Décors:
Le décor représente une pièce pauvrement meublée.
Les tapisseries sont sales et déchirées, les peintures défraîchies et écaillées.
Il y a quelques vieux meubles sales et un lit dans le même état.

Extraits

.........

NINA:
Tu ne dis rien ?

LA FILLE EN HAILLONS:
Je n'ai rien à dire.

NINA:
Pourquoi n'as tu pas répondu à leurs insultes ?

LA FILLE EN HAILLONS:
Ca ne sert à rien de les contredire, elles sont persuadées d'avoir raison.

NINA:
Alors, c'est donc toi qui me représente. Je ne me reconnais pas.

LA FILLE EN HAILLONS:
Je ne suis pas l'extérieur, je suis l'intérieur.

NINA:
Je ne suis pas très belle.

LA FILLE EN HAILLONS:
Tout ce qui brille n'est pas d'or. Les plus belles roses sont celles qui poussent dans la boue. La laideur peut cacher la beauté.

NINA:
Oui, mais qui le voit ? Qui le sait ? Qui sait le voir ?

LA FILLE EN HAILLONS:
Je ne sais pas... Personne...

* Elles se regardent toutes les deux avec une profonde détresse pendant quelques instants puis, tout à coup, Nina s'effondre en larmes sur son lit. De violents sanglots la secouent. Le personnage en haillons baisse la tête et s'en va lentement sans se retourner. Nina continue de sangloter dans son lit. Quelques instants puis des personnages entrent discrètement, comme attirés par les pleurs de Nina. Ils sont vêtus de costumes carnavalesques et ont le visage recouvert d'un masque de Mardi Gras très souriant.

ECLADERIRE:
Vous avez remarquationné ce que je constatationne ? Cette petite personne est triste et peut-être même tristounette avec un petit gros chagrin.

EUFORIE:
Absolument assurément, quelqu'un qui a de gros, de très gros soucis !

SOURIRE:
Il est une évidence évidente que cette petite demoiselle damoiselle n'est pas d'une humeur folâtre à folâtrer.

* Nina cesse de pleurer et relève la tête pour observer ces nouveaux arrivants.

NINA:
Que me voulez-vous ?

ALLEGRESSE:
Bien que nous ne voulons rien, nous ne vous voulons rien que du bien. Ne vous inquiétationnez pas.

NINA :
Vous êtes des clowns ?

ECLADERIRE :
Ca dépentationne ! Des fois oui, des fois non ! Ca dépentationne !

NINA :
Ca dépend de quoi ?

EUFORIE :
Ca dépentationne des circonstances.

SOURIRE :
Quand les circonstances sont bonnes, nous sommes des clowns.

NINA :
Et quand elles ne sont pas bonnes ?

ALLEGRESSE :
Quand les circonstances ne sont pas bonnes, on s'arrangeationne pour qu'elles soient bonnes.

NINA:
Comment vous appelez-vous ?

ECLADERIRE:
C'est à dire que c'est un petit peu compliquationné ! Nous ne portons pas le même nom tout le temps, cela dépentationne des circonstances.

NINA :
Pourquoi ? Vous avez plusieurs noms ?

EUFORIE:
Oui, tu as devinationné ! Nous avons chacun deux noms différents. Le premier nom, nous pouvons te le révéler mais le deuxième nom, nous devons te le cacher.

NINA:
Pourquoi ne pouvez-vous pas dire votre deuxième nom ?

SOURIRE:
Motus. Bouche cousue. Top secret. II y a des choses à savoir et d'autres qu'il est préférable de ne pas connaître.

ALLEGRESSE:
Satisfais-toi du superficiel pour éviter le superflu.

NINA:
Alors, je me contenterai de votre premier nom.

ECLADERIRE:
Bravo! Bonne résolution ! J'ai tout de suite constatationné que tu étais une fille intelligente et raisonnable ! Je vais donc te révélationner notre premier nom. Je te présentationne Euforie, je te présentationne Sourire et je te présentationne Allégresse.

EUFORIE :
Et celui qui nous a présentationné, je te le présentationne, il s'appellationne Ecladerire. Et toi ? Comment tu t'appellationnes ?

NINA:
Je me prénomme Nina.

* Les quatre personnages éclatent de rire.

NINA:
Pourquoi vous moquez-vous de moi ? Ce n'est pas gentil ?

SOURIRE :
Non, ne crois pas ça. On ne se moquationne pas de toi, on rigolationne. On trouve que ton prénom est rigolo de rigolo, c'est tout. Mais il faut que tu saches qu'un rien nous fait rigolationner.

ALLEGRESSE :
Nous sommes plutôt d'humeur joyeuse et parfois nous éclatationnons de rire sans aucune raison précise. Nous aimons bien rigolationner !

ECLADERIRE :
li nous arrive même de rigolationner de nos propres rires et il nous devient alors très difficile de s'arrêtationner. Un jour, on a failli mourir étoufationné tellement on rigolationnait !

NINA:
Vous en avez de la chance.

EUFORIE :
Pourquoi dis-tu ça ? Toi, tu ne rigolationnes jamais ?

* Nina ne répond pas et baisse la tête car les larmes lui viennent aux yeux.

SOURIRE : (criant)
Attention ! Attention ! Personne en danger de tristesse. Attention ! Danger !

NINA:
Vous êtes fou ! Vous m'avez fait peur !

ALLEGRESSE :
C'est bon signe, la peur provoque souvent les éclats de rire. Il est vrai que ce sont, en général, plutôt ceux qui n'ont pas peur qui rigolent mais ça ne fait rien, c'est un début.

ECLADERIRE :
C'est le même phénomène pour les gens qui tombent. Ceux-là ne s'amusent pas de leur mésaventure mais alors, pour ceux qui les ont vus chuter, quelle rigolade ! Quel fou-rire !

* Tandis que Ecladerire parlait, Euforie et Sourire ont tendu leur jambe devant lui. Allegresse se glisse derrière lui et le pousse dans le dos. Ecladerire tombe sur le sol, provoquant ainsi l'hilarité de ses compagnons. Nina se met à rigoler également. Les quatre personnages l'applaudissent.

EUFORIE :
Bravissimo ! Bravissimo ! Vous avez rigolationné ! Vous êtes sur la voie de la guérison.

NINA:
Mais je ne suis pas malade.

SOURIRE :
Oh que si que si que si ! La tristesse est une maladie comme le rhume ou la scarlatine. C'est très contagieux. Il suffit de regardationner quelqu'un de triste pour le devenir à son tour.

ALLEGRESSE :
Les personnes tristes sont dangereuses, elles contaminent tout leur entourage. Il faut à tout prix les évitationner, s'écartationner d'eux. Quand vous voyez quelqu'un de triste, fermez les yeux, ne le regardez plus, sinon vous êtes en grand danger de contamination.

ECLADERIRE :
La tristesse est une maladie pernicieuse. Certes, il faut savoir fermer les yeux mais il faut aussi prendre garde à se boucher les oreilles. Quand on entend pleurer quelqu'un ou alors qu'on s'écoute pleurer soi-même, là encore on est en grand danger.

EUFORIE:
Car les larmes entraînent d'autres larmes qui en génèrent d'autres encore et il devient alors très difficile d'arrêter le processus. Quand on commence à pleurationner, on pleurationne tout le temps !

SOURIRE:
Donc, pour éviter la contamination, il y a deux règles d'hygiène à respecter scrupuleusement: premièrement, savoir fermer les yeux et deuxièmement, se boucher les oreilles.

ALLEGRESSE:
Et si on se sent gagné par un mauvais air de tristesse, il faut se dépêcher de prendre un bon bol de rire. C'est le meilleur médicament, à condition de le consommer chaud, c'est à dire à temps.

ECLADERIRE :
Et le vaccin idéal, c'est d'être toujours de bonne humeur, de rire, de blaguer, de danser, de chanter.

EUFORIE : (chantant et dansant)
Faut rigoler, faut rigoler avant que le ciel nous tombe sur la tête.

SOURIRE : (faisant de même)
Faut rigoler, faut rigoler pour empêcher le ciel de tomber.

LES QUATRE ENSEMBLE: (chantant et dansant)
Dans la vie, faut pas s'en faire, moi je ne m'en fais pas. Toutes ces petites misères sont bien passagères, tout ça s'arrangera. Je n'ai pas un caractère à me faire du tracas. Croyez-moi, sur terre, faut jamais s'en faire, moi, je ne m'en fais pas.

* Ils s'arrêtent de chanter et danser et restent dans une position figée. Nina rit aux éclats.

NINA:
Ce que vous êtes drôles. Je vous aime bien. J'aimerai bien savoir comment vous êtes, vous voir sans vos masques.

ALLEGRESSE :
Pas question de pas question ! Il n'en est absolument pas question. Oublie tout de suite cette idée absurde.

NINA:
Mais pourquoi ?

ECLADERIRE
Nous t'avons prévenue tout à l'heure. Il vaut mieux se satisfaire du superficiel. Suis notre conseil, contente-toi de ce que tu vois.

EUFORIE :
Fais-nous confiance. Il vaut mieux croire ce que tu vois plutôt que d'essayer de voir ce que tu crois.

SOURIRE :
Quand un champ de fleurs semble beau, il serait ridicule de couper les fleurs pour voir ce qu'il y a dessous.

ALLEGRESSE :
Et si quelqu'un atteint d'une curiosité malsaine coupe tout de même les fleurs, il ne trouvera dessous que de la terre. Résultat, il est déçu et le champ a perdu toute sa beauté.

* Pendant qu'Allegresse parle, Nina s'est glissée derrière Ecladerire et tout à coup, par surprise, elle lui enlève son masque. On aperçoit alors la figure d'Ecladerire, un visage blême, triste, lugubre.

ECLADERIRE: (avec un cri de souffrance)
Aahh ! Pourquoi as-tu fait ça ? Tu vois mon vrai visage à présent. Il ne fallait pas faire ça !

NINA:
Oh, je suis désolée. Excuse-moi, Ecladerire.

EUFORIE:
li ne s'appelle plus Ecladerire à présent. Nous pouvons maintenant te dire le deuxième nom que nous te cachions. L'autre nom d'Ecladerire, c'est... Chagrin.

SOURIRE:
Tu as coupé les fleurs et tu sais maintenant que sous la joie, il y a toujours de la tristesse. Ecladerire s'est maintenant transformé en Chagrin.

ECLADERIRE-CHAGRIN:
Aahh ! Je sens mon enthousiasme qui s'envole et la tristesse qui m'envahit. Aidez-moi, les amis. Ne me laissez pas tout seul avec mon désarroi !

NINA:
Je suis désolée, je croyais que vous plaisantiez.

ALLEGRESSE:
Ne t'attriste pas sur son sort, Nina, il est trop tard. Ce n'est plus à Ecladerire que tu t'adresses mais à Chagrin. li ne faut pas l'écouter, ni le regarder, sinon nous sommes fichus, nous aussi. Vite, fermons les yeux et bouchons-nous les oreilles avant d'être contaminés.

EUFORIE:
Hélas, trois fois hélas, je crois que c'est trop tard pour moi. Je n'ai pas fermé les yeux et les oreilles à temps. Une étrange amertume s'empare de ma gaieté. (il retire son masque) Aahh ! Je me sens triste, j'ai envie de pleurer.

CHAGRIN:
Ah, Mélancolie, laisse-moi pleurer sur ton épaule. Je suis abattu, j'ai tellement de soucis. Tout est si difficile dans cette vie ! Rien ne va comme on veut !

* Sourire et Allégresse ont fermé les yeux et bouché leurs oreilles avec leurs mains.

EUFORIE-MELANCOLIE:
Je me sens mal. J'ai tous les malheurs du monde qui s'abattent sur moi. Aidez-moi ! Écoutez-moi ! J'ai besoin qu'on m'écoute ! Pourquoi personne ne m'écoute ? J'ai tant besoin qu'on s'occupe de moi ! Pourquoi personne ne s'intéresse à moi ?

SOURIRE:
Je les entends ! J'ai mis mes mains sur les oreilles mais je les entends quand même, je les entends pleurer et ça me chagrine. Je n'ai plus envie de rire, la déprime me gagne. (il retire son masque)

CHAGRIN:
Ah, Vagualame, je suis profondément peiné pour toi, mais je suis si découragé que je n'ai pas la force de te consoler. J'aurai tant besoin qu'on me console, moi aussi. Ah, que la vie est dure !

VAGUALAME-SOURIRE:
La vie est plus que dure, elle est cruelle. Tout va de travers ! Tout est à l'envers ! Chacun pense à sa peau et nous sommes tout seul au monde ! Ca me rend triste comme une porte de prison.

ALLEGRESSE:
Arrêtez ! J'entends ! Je vous en supplie, arrêtez vos jérémiades, ça m'attriste. Aahh ! Ca y est, je suis contaminé. Je craque, je n'en peux plus. (enlevant son masque) Aahh ! De vous entendre me rend dépressif. Je me sens désabusé. J'ai un cafard terrible.

MELANCOLIE :
Ne dis pas ça, Morosité. De te savoir triste m'attriste encore plus. J'ai sincèrement de la peine pour toi, mais je ne peux rien faire pour toi, je suis trop catastrophé, moi-même.

MOROSITE-ALLEGRESSE:
Ah, mon existence est tragique, je n'ai rien pour me raccrocher à la vie. Tout va mal, je n'ai jamais eu de chance, le sort s'acharne sur moi. Tout est contre moi.

VAGUALAME :
Ah, Morosité, que je suis malheureux de te voir comme ça. C'est une tragédie, une véritable tragédie. Le destin ne nous a pas fait de cadeaux ! C'est affreux ce qui nous arrive.

MOROSITE :
C'est abominable, tu veux dire. C'est comme si on m'avait jeté un mauvais sort, ma vie est devenue un enfer. Je n'ai jamais eu autant d'ennuis qu'en ce moment.

CHAGRIN :
Pas autant que moi. Si tu savais, ma vie est un cauchemar ! Je n'en dors plus. Je broie du noir du matin jusqu'au soir.

MELANCOLIE :
Personne ne peut avoir plus de soucis que moi. J'avance dans la vie, la mort dans l'âme. Je n'ai plus de goût à rien, je n'arrive plus à me passionner pour quoi que ce soit ! Je n'arrête pas de penser à mes problèmes. Et plus j'y pense, plus je me tracasse !

VAGUALAME :
Si je te racontais tous mes tracas, tu pourrais te rendre compte que tes petits soucis ne sont rien à côté des miens. Personne n'est aussi malheureux que moi ! Rien que d'y penser, ça me donne envie de pleurer…

NINA:
Arrêtez ! Arrêtez de vous plaindre ! Continuez de me faire rire.

MOROSITE :
Si tu crois qu'on a envie de s'amuser, avec tous les problèmes qu'on a sur le dos. On n'a vraiment pas le cœur à rigoler avec tous les soucis qu'on a en tête !

NINA:
Oh, assez ! Vous n'êtes plus drôles du tout. J'éteins la bougie.

* Nina souffle sur la flamme de la bougie et le noir se fait.

CHAGRIN :
Nous voilà dans le noir à présent. Il ne manquait plus que cela à nos malheurs.

MELANCOLIE :
Nous n'avons vraiment pas de chance. Nous sommes rejetés de partout.

VAGUALAME :
Personne ne nous aime ici. Autant s'en aller.

MOROSITE :
Oui, ce n'est pas de gaieté de cœur, mais il faut bien partir un jour.

* Ils sortent de scène en pleurant.

NINA:
Nous voilà encore seuls, Nounours.., et je me sens encore plus triste qu'avant. Serre-moi fort, ça me tient chaud.

* Nina sert son nounours contre elle. Court silence, puis elle crie.

NINA:
J'ai froid !... J'ai faim !... J'ai peur !...

* Nina reste prostrée quelques instants dans la pénombre puis elle allume de nouveau la bougie et met ses mains au-dessus de la flamme pour se réchauffer. Peu après, de chaque côté de la scène, surgissent deux personnages. L 'un est vêtu d'un habit d'aviateur et traverse la chambre en courant, les bras écartés, mimant le vol d'un avion. L'autre est habillé d'un costume de cheminot et traverse la chambre en imitant un train qui roule. Ils s'arrêtent l'un en face de l'autre.

LE CHEMINOT:
Attention ! Attention! Le train de la vie va bientôt partir. Préparez vos valises. Destination au choix du voyageur. Prenez un ticket pour la direction que vous désirez. Attention ! Attention ! Le train de la vie va bientôt partir.

L'AVIATEUR:
Votre attention, Mesdames et Messieurs, l'avion de l'existence va bientôt prendre son envol. Pas besoin de prendre de billet, les destinations s'improvisent au hasard des courants d'air. Veuillez prendre place, Mesdames et Messieurs, s'il vous plaît.

LE CHEMINOT: (à Nina)
Bonjour, Mademoiselle. Laissez-vous tenter par un grand voyage dans la vie. Avec moi, pas de mauvaise surprise. Vous choisissez votre itinéraire, votre destination et je vous emmène où vous voulez sans détour ni retard.

L'AVIATEUR:
Avec moi, Mademoiselle, c'est tout le contraire. Je vous emmène dans l'existence au hasard. Itinéraires imprévus, destinations inattendues. C'est le charme de l'aventure avec un grand A.

LE CHEMINOT:
Réfléchissez bien, Mademoiselle. Allez-vous voyager dans la vie en vous laissant guider par le hasard ou en prenant des décisions fermes et déterminées ? Pour ma part, si je peux me permettre, je vous conseille cette dernière solution.

L'AVIATEUR:
Ne l'écoutez pas, Mademoiselle, et lancez-vous dans la vie les yeux fermés, au petit bonheur la chance. Le destin choisira pour vous. Avec moi, vous connaîtrez l'ivresse de l'aventure.

LE CHEMINOT:
Les propositions de mon collègue sont alléchantes mais très aléatoires. Son programme repose beaucoup sur le facteur chance, mais imaginez que la malchance se met de la partie et votre voyage dans la vie devient un enfer. Croyez-moi, rien ne vaut des projets bien étudiés et un parcours soigneusement prévu à l'avance.

L'AVIATEUR:
Une vie bien programmée, quoi! Quelle tristesse! Quel ennui! La vie est une loterie et c'est cela qui fait son charme. Laissez-vous entraîner par les caprices du hasard, Mademoiselle. Prenez votre envol dans la vie avec moi et vous ne le regretterez pas.

LE CHEMINOT:
Allons, restons sérieux. On ne joue pas sa vie sur un coup de dés. Il faut prendre des résolutions. Je vous en conjure, Mademoiselle, votez pour moi... Euh... Pardon, je veux dire: venez avec moi.

NINA:
Et si je vous choisissais tous les deux.

L'AVIATEUR:
Tous les deux ? En même temps ! La cohabitation ! Impossible ! Vous ne pouvez pas être dans le train de la vie et dans l'avion de l'existence en même temps.

LE CHEMINOT:
On ne peut pas avoir la tête en l'air et les pieds sur terre, à moins d'être un géant. Non, Mademoiselle, il vous faut choisir, c'est l'un ou l'autre !

NINA:
Et pourquoi pas l'un après l'autre ? Un jour, je prendrai l'avion de la chance, un autre jour, le train de la sécurité.

L'AVIATEUR:
La loi de l'alternance, ce n'est pas une mauvaise idée. Un jour, on s'envole avec les ailes du hasard et l'autre jour, on roule sur les rails de la sécurité.

LE CHEMINOT:
Nous n'y avions jamais pensé. II est vrai que c'est une excellente idée. Mais une importante question va maintenant se poser. Avec qui de nous deux, allez vous partir en premier ?

L'AVIATEUR:
Peu importe, il faut laisser faire le hasard ! Choisissez-moi !

LE CHEMINOT:
Le premier pas dans la vie est primordial. Optez pour moi !

NINA:
Ne vous disputez pas. (au cheminot) Pour te faire plaisir, je vais faire un choix, (à l'aviateur) et pour ne pas faire de jaloux, je vais choisir... le hasard.

L'AVIATEUR:
C'est une alternative judicieuse. (tendant ses bras) Envolons-nous, Mademoiselle.

* Nina se dirige vers l'aviateur et danse avec lui une valse sur un air d'accordéon. Après quelques instants, sans interrompre le mouvement, elle danse avec le cheminot, puis avec l'aviateur, puis avec le cheminot...

NINA:
Arrêtons, la tête me tourne, je me sens faible.

* Nina, épuisée, s'assoit sur le lit.

LE CHEMINOT:
Quel dommage, nous dansions si bien.

L'AVIATEUR:
Laissons-la se reposer. Ensuite, nous continuerons à danser la vie.

* Deux personnages font leur apparition, deux femmes. L 'une est vêtue d'une robe blanche, glaciale, l'autre d'un costume rouge, brûlant.

.......

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