Sacré Nom d'un Oxyde d'Azote

Spectacle écologique

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Pièce de théâtre en quatre actes.

C'est l'été et pourtant il n'y a plus aucun e feuille sur les branches des arbres. Dans la forêt il n'y a plus aucun buisson, plus aucun brin d'herbe. Partout, entre les troncs dénudés, sont éparpillés des détritus, des sacs poubelle, des plastiques, des déchets. Chaque jour, des petits personnages viennent nettoyer toute cette saleté. Ce sont les Champilutins qui ne croient pas que la forêt est morte mais qu'elle est endormie en attendant des jours meilleurs. Ils ne veulent pas l'abandonner car ils espèrent qu'elle se réveillera un jour malgré les Pollusorciéres qui prédisent : " Nous détruirons toute vie sur Terre. Ce sera le règne de la saleté sordide, de la crasse immonde. Rien ne nous arrêtera. Le départ de la course au néant a été donné. Nous devons notre existence à la stupidité des humains. Dans leur inconscience égoïste, ils nous ont donné la vie sans s'en apercevoir et sans s'en apercevoir, ils disparaîtront pour nous laisser la place." Face à cette prédiction, les Champilutins ne baissent pas les bras et continuent leur lutte contre ces démons pollueurs.

Ce sont quelques-uns des nombreux personnages qui peuplent ce spectacle écologique mêlant la poésie et l'humour.

23 personnages

Les rôles du loup et du loubard peuvent être joués par le même acteur.

Personnages:

Les Champilutins:
Oronge
Russule
Morille
Girolle
Amanite
Les Pollusorcières:
Méthane
Arsenic
Ammonia
Anhydride
....
Le Chaperon Rouge
Le Loup
Le grand-père
Luc
Tom
...
Les fées ringardes:
Eugénie
Geneviève
Julienne
Les cochons:
Mortadelle
Chipolata
Les démons de la pollution:
Acidula
Nitrita
Fosfata
...
Le Loubard

Décor:
Une forêt d'arbres sans feuilles
Vous pouvez faire un décor peint sur une toile de fond ou découper des formes d'arbres dans du carton ou des planches de contreplaqué..

Costumes:
Costumes réalistes ou loufoques.

Musique:
Musiques amusantes ou inquiétantes à chaque fermeture et ouverture du rideau.

1er acte

Décor : une forêt d'arbres dépouillés de leurs feuilles. De nombreux détritus de toutes sortes sont éparpillés ici et là. Avant l'ouverture du rideau, projection de fumée avec un appareil à fumée. Ouverture du rideau. Le paysage est caché par un épais brouillard. Des personnages entrent en scène et agitent les bras pour tenter de dissiper la fumée. Ce sont des Champilutins. Ils toussent beaucoup.

ORONGE: Que ça sent mauvais ! C'est dégoûtant !

RUSSULE: Mais d'où peut bien venir cette fumée ?

MORILLE: On dirait que ça sent l'essence. Il y a sûrement un embouteillage pas loin d'ici.

GIROLLE: Ca sent plutôt le souffre. Je suis certain que cette fumée vient de l'usine d'à côté.

AMANITE: Peu importe. Toujours est-il que nous ne pouvons plus respirer.

ORONGE: Les yeux me piquent, je n'y vois plus rien.

RUSSULE: C'est une chance.

ORONGE: Pourquoi dis-tu ça ?

RUSSULE: Parce que si tu voyais ce que je vois, tu pousserais un grand cri de désespoir.

ORONGE: Tu ne veux pas dire que...

RUSSULE: Si. Hier, nous avons travaillé pour rien. La forêt est de nouveau sale.

MORILLE: Oh non ! Ce n'est pas possible !

GIROLLE: Hélas. Les détritus que nous avons nettoyés hier ont été remplacés par d'autres.

MORILLE: II va falloir tout recommencer.

ORONGE: Moi, je n'en peux plus, je renonce.

RUSSULE: Espèce de champignon à la crème, si tu ne veux pas que je te transforme en omelette tu as intérêt à te mettre au travail, et vite !

MORILLE: A quoi ça sert ? Nous nettoyons tous les jours et le lendemain, c'est toujours aussi sale.

ORONGE: Oui, c'est vrai. Nous nous fatiguons pour rien. Nous ne réussirons jamais à rendre cette forêt propre.

AMANITE: Oui, il a raison. Moi aussi, j'abandonne. C'est comme si nous n'avions rien fait.

GIROLLE: Rien fait ! Imaginez dans quel état serait la forêt aujourd'hui si nous n'avions rien fait.

AMANITE: Moi, je me demande parfois pourquoi nous faisons tout cela, puisque la forêt est morte. Regardez ces arbres, ils n'ont plus aucune feuille et nous sommes pourtant en plein été.

MORILLE: Il n'y a plus aucun buisson, plus aucun brin d'herbe. Tout a été tué par les pluies acides.

RUSSULE: La forêt n'est pas morte, elle s'est endormie en attendant des jours meilleurs. Si nous ne l'abandonnons pas, elle se réveillera un jour.

GIROLLE: Tu as raison. De toutes façons, nous n'avons pas le choix. Nous sommes les lutins de cette forêt et si elle meurt définitivement, nous mourrons aussi.

RUSSULE: Et puis cela ne sert à rien de discuter. Morte ou pas morte, la forêt doit rester propre, ne serait ce que pour embêter les cochons qui la salissent. Allez, au travail !

Tous se mettent au travail et ramassent les déchets.

ORONGE: Je serai curieux de savoir qui sont les malpropres qui déposent ici tous leurs déchets.

MORILLE: Ce sont les humains.

RUSSULE: Je ne crois pas. Nous n'en avons pas vu dans cette forêt depuis bien longtemps et s'il en était passé un, nous l'aurions remarqué. Les humains sont si peu discrets.

GIROLLE: Je n'ai jamais vu d'humains. Comment sont-ils ?

AMANITE: Affreux, bêtes, inconscients, violents, égoïstes, prétentieux, bruyants, envahissants, et j'en passe. Le dernier humain que j'ai vu dans cette forêt était un homme. Il assassinait un arbre à coups de hache.

ORONGE: Quelle horreur ! Comment peut-on être aussi cruel ? Pourquoi faisait-il cela ?

AMANITE: Nous ne l'avons pas su. Juste avant de mourir, l'arbre a choisi une direction de chute de manière à tomber sur son assassin. Tous deux, l'arbre et son meurtrier ont poussé leur dernier soupir à la même seconde.

RUSSULE: Alors qui sont les coupables si ce ne sont pas les humains qui jettent tous ces détritus ?

AMANITE: Je n'en ai aucune idée.

GIROLLE: Ce sont pourtant les humains qui utilisent toutes ces cochonneries !

ORONGE: Oui, mais ils entassent tous leurs déchets dans de gigantesques décharges qui pourrissent.

RUSSULE: Ce n'est d'ailleurs pas mieux car toute cette pourriture s'infiltre dans le sol et rejoint les rivières. Aucun poisson n'a réussi à survivre dans ces eaux empoisonnées.

GIROLLE: Mais alors, Nom d'un Champignon ! A qui devons-nous ce nettoyage quotidien ?

AMANITE: Je ne sais pas, mais je trouve cette situation très inquiétante.

GIROLLE: Il y a peut-être un esprit malfaisant dans cette forêt ! Oh, je commence à avoir peur.

ORONGE: Attention, j'entends du bruit, voilà du monde !

RUSSULE: Qui est-ce ?

ORONGE: Je ne sais pas mais cela ne me dit rien qui vaille. Vite, opération camouflage !

Les Champilutins se recroquevillent sur eux-mêmes, prenant ainsi l'apparence de champignons. Quelques instants après, entrée en scène de personnages inquiétants, ce sont les Pollusorcières.

METHANE: (en colère) Sacré Nom d'un Oxyde de Carbone ! Qui a encore nettoyé cette foutue forêt ?

TOUTES LES AUTRES : (ensemble) C'est pas nous !

METHANE: Je le sais bien que ce n'est pas vous, stupides créatures, espèces de pots catalytiques ! Vous ne seriez quand même pas assez bêtes pour nettoyer aujourd'hui ce que vous avez pollué la veille ?

TOUTES LES AUTRES: (ensemble) Oh non, pas aussi bêtes !

Les Pollusorcières éclatent de rire bêtement.

METHANE: Taisez-vous ! Sacré Nom d'un Oxyde d'Azote ! Et cherchez !

ARSENIC: On cherche quoi, chef ?

METHANE: (la frappant sur la tête) Imbécile ! On cherche les espèces d'écolos qui nous ont gâché notre joli travail !

AMMONIA: (ricanant bêtement) Ca c'est vrai ! Pour un joli travail, c'était un joli travail !

METHANE: Tais-toi et cherche !

AMMONIA: On cherche où, chef ?

METHANE: Elle m'énerve ! Elle m'énerve ! On cherche partout, espèce de biodégradable !

Les Pollusorcières se mettent à chercher un peu partout.

ARSENIC: Je ne vois rien, chef, il n'y a personne par ici.

ANHYDRIDE : Chef, vous pourriez me rappeler ce qu'on cherche, je ne me souviens plus.

METHANE: Sacré Nom d'un Oxyde d'Ethylène, on recherche ceux qui ont enlevé les déchets que nous avions déposés ici !

TOUTES LES AUTRES : (ensemble) C'est pas nous, chef !

METHANE: Je renonce, je renonce ! Elles sont trop bêtes ! Arrêtez de chercher, arrêtez de chercher !

ARSENIC : Mais on n'a pas trouvé, chef !

METHANE: Je m'en fous ! Arrêtez de chercher, ça m'agace !

AMMONIA : Alors ? Ils sont où, chef ?

METHANE: Qui ? Quoi ?

AMMONIA : Ceux que nous devions trouver.

METHANE: Si je le savais, je ne vous aurai pas demandé de chercher.

ANHYDRIDE: Excusez-moi, chef, mais je ne me souviens plus ce qu'on cherchait.

METHANE: (la frappant) Raahhhh ! Vous m'agacez ! vous m'agacez !

ANHYDRIDE: (hallucinée) Acide acétique chlorhydrique sulfurique trichlorophénoxyacétique anhydride carbonique sulfureux antioxydant.... (et ainsi de suite en reprenant la phrase au début)

ARSENIC: Ca la reprend, elle a sa crise. Vite. Secouez-la.

Les Pollusorcières la secouent violemment en tous sens tandis qu'elle continue de crier sa phrase incompréhensible.

ANHYDRIDE: Arrêtez ! Arrêtez ! Ca va mieux !

Les Pollusorcières cessent de la secouer.

METHANE: Bon, et maintenant au travail !

AMMONIA: Qu'est-ce qu'on fait, chef ?

METHANE: Ce que toute Pollusorcière doit faire: polluer, polluer, polluer, polluer !

TOUTES LES AUTRES: (ensemble) Polluons, polluons, polluons, nous sommes les Pollusorcières et nous polluons, polluons, polluons tout ce que nous touchons !
Les Pollusorcières parsèment la forêt de détritus divers tout en chantant.

AMMONIA: Plastique, plastique.

CHOEUR DES SORCIERES: Caustique, caustique.

AMMONIA: Pas recyclé, le plastique.

CHOEUR DES SORCIERES: Pas pratique, pas pratique.

AMMONIA: Pas biodégradable, le plastique.

CHOEUR DES SORCIERES: Comique, comique (rires)

ANHYDRIDE: Mazout, mazout.

CHOEUR DES SORCIERES: Ca coûte, ça coûte.

ANHYDRIDE: Marée noire, le mazout.

CHOEUR DES SORCIERES: Plein les soutes, plein les routes.

ANHYDRIDE: Englués les oiseaux, le mazout.

CHOEUR DES SORCIERES: La déroute, la déroute. (rires)

ARSENIC: Nucléaire, nucléaire.

CHOEUR DES SORCIERES: Mauvais air, mauvais air.

ARSENIC: Radioactif, nucléaire.

CHOEUR DES SORCIERES: Sale affaire, sale affaire.

ARSENIC: Irradiation, nucléaire.

CHOEUR DES SORCIERES: La colère, la colère. (rires)

AMMONIA: La houille, la houille.

CHOEUR DES SORCIERES: Ouille, ouille !

AMMONIA: Pollution atmosphère, la houille.

CHOEUR DES SORCIERES: Ca souille, ça souille.

AMMONIA: Silicose aux poumons, la houille.

CHOEUR DES SORCIERES: Ca rouille, ça rouille. (rires)

METHANE: Pesticide, pesticide.

CHOEUR DES SORCIERES: Triste sire, pitre acide.

METHANE: Peste acide, pesticide.

CHOEUR DES SORCIERES: Trucide, trucide.

METHANE: Poison rapide, pesticide.

CHOEUR DES SORCIERES: Homicide, homicide. (rires) Polluons, polluons, polluons, nous sommes les Pollusorcières et nous polluons, polluons, polluons tout ce que nous touchons. (rires)

Les Pollusorcières sortent de scène en rigolant. Peu après, les Champilutins se relèvent.

AMANITE: Il était temps, j'ai failli éternuer.

MORILLE: Chut ! Elles sont peut-être encore tout près.

ORONGE: Non, elles sont déjà loin, mais elles vont sûrement revenir demain.

GIROLLE:
J'ai peur. Qu'est-ce que nous allons faire ?

RUSSULE: Je ne sais pas mais nous ne pouvons pas les laisser continuer.

MORILLE: Mais que faire, elles ont l'air si méchantes ? Elles me font peur, il faut s'en aller, partir d'ici.

AMANITE: Et abandonner notre forêt aux mains de ces sorcières ! Pas question ! Et de toutes façons, où irions-nous ?

ORONGE: Dans une autre forêt !

RUSSULE: Es-tu sûr qu'il en existe d'autres ? Elles ont peut-être été toutes détruites.

ORONGE: Alors, quelle solution ?

RUSSULE: Je ne sais pas, il faut réfléchir.

MORILLE: Oui, réfléchissons.

Les Champilutins réfléchissent en silence. Une petite fille habillée avec des vêtements rouges fait son apparition sans que les Champilutins s'en aperçoivent.

LE CHAPERON ROUGE: Pardon, excusez-moi.

Effrayés, les Champilutins crient tous en même temps.

GIROLLE: Vous nous avez fait peur, vous ne pourriez pas frapper avant d'entrer.

LE CHAPERON ROUGE: Je suis désolée mais il n'y avait pas de porte.

AMANITE: Ah oui, c'est vrai, nous sommes dans la forêt. Qui êtes-vous ?

LE CHAPERON ROUGE: Je suis le petit chaperon rouge. J'allais chez ma grand-mère lui porter une galette et un petit pot de beurre mais je me suis perdue dans la forêt. Pourriez-vous m'indiquer le chemin, s'il vous plaît ?

RUSSULE: Non, mais ça ne va pas la tête ! Tu t'es trompée d'histoire. Ici, c'est un conte moderne, tu n'y trouveras jamais ta grand-mère.

LE CHAPERON ROUGE: Vous êtes sûr ?

ORONGE: Oui, et si ta grand-mère était dans notre histoire, ce n'est pas une galette et un petit pot de beurre qu'il faut lui apporter, mais plutôt un hamburger au ketchup.

LE CHAPERON ROUGE: Ah ? Excusez-moi de vous avoir dérangés. Je vais tout de même essayer dans cette direction pour tenter de la trouver. Encore toutes mes excuses.

Le chaperon rouge part dans la direction opposée et disparaît.

RUSSULE: Bon, revenons à nos moutons. De quoi parlions-nous ?

MORILLE: Nous ne parlions pas, nous réfléchissions.

ORONGE: Ah oui, c'est vrai ! Alors, réfléchissons.

Les Champilutins réfléchissent en silence. Un loup fait son entrée sans qu'ils s'en aperçoivent.

LE LOUP: Pardon, excusez-moi.

Les Champilutins crient de peur.

GIROLLE: Vous ne pourriez pas frapper avant d'entrer ?

LE LOUP: Excusez-moi mais je n'ai pas trouvé de chevillette, ni de bobinette non plus d'ailleurs.

AMANITE: Qui êtes-vous ?

LE LOUP: Je suis le loup et je voulais savoir si vous n'auriez pas aperçu une petite fille tout de rouge vêtue.

.......

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